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🍽 De l’enchantement multisensoriel au menu.
Concevoir des expériences culinaires mémorables, n’est-ce pas la quête de tout chef ? Au-delà du gustatif, les expériences de restauration multi-sensorielles ont la cote.
Des expériences hi-tech. Depuis quelques années, l’accent a beaucoup été mis sur les possibilités de la technologie pour en mettre plein la vue. Dès 1997, la maison de champagne Ruinart transformait le dîner à table statique en une expérience de mapping 3D permettant ainsi de faire découvrir son histoire de marque. Depuis, d’autres concepts lui ont emboîté le pas. Ichina vient par exemple d’inaugurer sa salle de réalité virtuelle à 360°. Adieu les casques lourds et encombrants : le groupe présente ici des images diffusées par huit projecteurs et une table équipée de capteurs pour créer la première expérience de restauration en réalité virtuelle de la Silicon Valley. Une approche similaire à celles de Crave 4D et du studio Atmos Immersive Dining.
Avec l’essor des technologies immersives et des métavers, ce type d’offre semble voué à un avenir prometteur. C’est en tout cas le pari de l’architecte Veliz qui a partagé sur son Instagram les images du premier restaurant conçu pour le métavers. Baptisé "Acantila", ce dernier devrait, selon son concepteur, “donner la possibilité de nous établir dans différents environnements et climats contrôlés qui nous offriront l'expérience la mieux personnalisée”. Hidden Worlds, de son côté, se présente comme une aventure virtuelle sous-marine : basée à Miami, elle permet à ses visiteurs de dîner sous la mer sans pour autant avoir à enfiler une combinaison de plongée. Assortie d’un menu “ocean-positive”, son objectif est d’inspirer et de sensibiliser les visiteurs à la protection des fonds marins.
Des dîners hyper-physicaux. Et si, au-delà du digital, les expériences les plus marquantes venaient plutôt d’expériences culinaires plus que terre à terre ? Porteurs de sens, ces concepts se veulent nous reconnecter avec la beauté du monde réel, à la façon d’un rempart contre la fatigue digitale. Parmi les exemples récents, citons le studio de design Bompas & Parr : ces “architectes de la food” ont développé un restaurant pop-up en Arabie Saoudite ayant pour particularité de servir des plats sur de la lave en fusion avec pour objectif d’offrir un éclairage sur l’histoire et le patrimoine du pays. En Islande, le projet de restaurant-serre Framescape Greenhouse de Heffrence Teow propose une expérience culinaire farm-to-table où l'agriculture, la transformation des ingrédients et la restauration sont réunies en un seul et même lieu. En Thaïlande, “Treepod Dining” propose à ses clients de s’asseoir dans une nacelle en bambou située au sommet d'un arbre, avec les plats servis via une tyrolienne. À Calgary, c’est Foodies in the Park qui déploie un concept de restauration sous dôme.
What’s next ? Cette tendance va de pair avec la croissance du tourisme culturel qui, selon les estimations de Allied Market Research, devrait afficher un TCAC de +16,8 % entre 2020 et 2027. À quoi s’attendre ? Des destinations et des lieux inédits misant sur une culture alimentaire locale forte pour nourrir l’esprit et les estomacs. Et les exemples vont bon train : on pense notamment aux expériences proposées par les pays nordiques, comme les safaris d'huîtres au Danemark ou encore Under, un restaurant norvégien qui permet aux voyageurs de dîner sous l'eau, dans une coquille de béton créée pour servir de récif artificiel. Under offre aux visiteurs l'occasion d'observer l'écosystème marin tout en dégustant un menu de 18 plats à base de fruits de mer et d’accords mets-vins. Et connaissez-vous les dîners immersifs dans les bois de Nomadic ? “Notre objectif est d'utiliser la nourriture et la nature pour reconnecter nos hôtes avec le monde qui les entoure. Notre restaurant n'a pas d'autres limites que les étoiles et le ciel. La nourriture est un langage universel et, grâce à elle, nous voulons raconter l'histoire de notre forêt à travers les plats que nous vous servons” peut-on lire sur le site. Le temps de la reconnexion avec la nature est arrivé.
🍯 Miel : to BEE or not to be.
Utilisé par les Sumériens et les Babyloniens lors des cérémonies religieuses ou à des fins thérapeutiques en Grèce Antique, le miel occupe une place de choix en gastronomie comme édulcorant naturel. Il faut dire qu’il dispose de bien des atouts ! Source de vitamines, de minéraux, de calcium et d’antioxydants, c’est aussi un aliment particulièrement énergétique grâce à sa teneur en glucides. À cela s’ajoutent de nombreuses propriétés médicinales - antibactérien, antiviral, antifongique, antioxydant, cicatrisant, antiseptique… - grâce à la présence de peptides antimicrobiens. Certaines variétés comme le miel de Manuka, originaire de Nouvelle-Zélande et star de la médecine traditionnelle Maori, se présentent également comme des miels curatifs uniques en leur genre.
Un alicament précieux pour lequel la demande ne cesse de croître : selon Grand View Research, le marché mondial du miel a été évalué à 8,58 milliards de dollars en 2021 et devrait connaître un taux de croissance annuel composé (TCAC) de +5,2% entre 2022 et 2030. Un succès qui fait écho à l’augmentation de la requête “Honey” sur Google, en hausse de +118% entre avril 2018 et avril 2022. Même dynamique sur les réseaux sociaux avec notamment 1,7 milliard de vues pour le phénomène du “frozen honey” sur TikTok.
L’engouement est donc indéniable. Le problème ? Le marché fait face à trois enjeux d’ordre économique, environnemental et éthique. Tout d’abord, la consommation augmente plus vite que la production : rien qu’en France, 70% du miel est importé. Une problématique alors que la population d’abeilles chute face au changement climatique, au complexe syndrome d'effondrement des colonies (CCD), à l’utilisation massive de pesticides et à l’agriculture intensive. Plusieurs pratiques alimentent aussi le bad buzz - sans mauvais jeu de mots - alors que certains apiculteurs choisissent de prélever l’intégralité du miel, épuisant ainsi les réserves nécessaires aux abeilles durant l’hiver, pour le remplacer par du sucre à l’intérieur même du rucher, provoquant ainsi un affaiblissement de l’insecte. Conséquence de tous ces facteurs, le miel devient de plus en plus cher et fait l’objet de fraudes massives : ajout de sucre, falsification de l’origine… Pour combattre ce fléau, la réglementation évolue : dès le 1er juillet, les étiquettes des miels mis en pot en France devront mentionner clairement les pays où le produit a été récolté.
Alors que les abeilles jouent un rôle majeur dans l’écosystème environnemental en tant que maillon-clé de la chaîne de pollinisation - leur préservation figure d’ailleurs parmi les objectifs de développement durable des Nations Unies -, les start-ups se multiplient sur le créneau à l’image de l’italien 3Bee qui, grâce à l’IoT, développe une ruche connectée capable de monitorer la santé des abeilles et d’aider l’apiculteur à améliorer la gestion de son rucher. Un positionnement qui s'approche de celui de l’israélien Beewise qui commercialise des ruches assistées par des robots, ou encore de l’irlandais Apis Protect. Autre start-up intéressante : Bumblebee AI propose des solutions de pollinisation basées sur l'IA pour optimiser les rendements, en imitant le processus naturel de pollinisation et en l'optimisant grâce à la technologie.
Mais ces solutions ne répondent pas forcément en totalité à la demande croissante. Dès lors, plusieurs pistes s’observent. On note tout d’abord la croissance des simili miels sous couvert d’argumentaire vegan et de considérations éthiques. Ainsi, Jack Berry propose le “No BEE Vegan Honee” à base de sirop de sucre inverti (ndlr: un mélange comestible de deux sucres simples), d’acide citrique, de parfums et d’esters floraux. Vegan Honey Company a imaginé quant à lui un miel végétalien à partir de plantes, de fruits et de racines dont est extrait le nectar et le pollen, le tout additionné, là encore, d’un peu de sucre brut. Autres exemples avec Humble Honee - à base de jus de canne à sucre, citron et camomille - , Blenditup - à base de pommes - ou encore Vegablum et sa formulation mêlant sucre de canne brut et extrait de fleurs. Si les puristes crieront au scandale, force est de reconnaître qu'à part la couleur et la consistance, on est bien loin du miel… D’autant que ces alternatives ne disposent d’aucune propriété médicinale ou presque, alors que certains petits malins comme Plant Based Artisan renforcent leur nectars en prébiotiques histoire de se différencier et de multiplier les arguments de vente.
Mais il existe d’autres pistes, encore timides, qui pourraient révolutionner le secteur. L’américain MeliBio utilise ainsi la biologie synthétique, la fermentation de précision et la science des plantes pour créer un miel moléculairement identique. Autre exemple avec la société israélienne Bee-io - six brevets en cours de dépôt - qui produit des protéines au sein de micro-organismes en utilisant des bioréacteurs et la fermentation pour imiter les processus de production des abeilles. Autant de méthodes qui présentent l'intérêt de permettre à la fois de préserver les insectes, de conserver la texture, les saveurs, les valeurs nutritionnelles et les propriétés médicinales du miel. Et ce n’est pas pour tout. Comme l’explique Ofir Dvash, le fondateur de Bee-io dans cet article : “le miel de culture ne contient ni antibiotiques, ni pesticides, ni produits chimiques, ni toxines. Il supprime la nécessité d'utiliser des abeilles pour sa production tout en permettant une production à la demande, indépendamment des saisons, du temps ou du changement climatique." Un sans fautes ? Après la viande ou le poisson, le miel de synthèse devrait lui aussi se frayer un chemin dans vos assiettes et peut-être même plus tôt que prévu puisque les deux start-ups citées ci-dessus visent une mise sur le marché rapide une fois les démarches réglementaires finalisées.
To BEE or not to be … assurément, that is the question.
Signaux Forts
🍝 Le monde a faim de (néo) pâtes.
Après le secteur de la pizza dont nous vous parlions récemment, c’est au tour des pâtes de subir sa mini révolution. En 2020, ce sont 17 millions de tonnes de pâtes qui ont été consommées, soit un million de plus qu'en 2019 et deux fois plus qu'il y a dix ans. Tantôt sèches, fraîches ou en conserve, celles-ci ont une place de choix dans nos assiettes. Boosté par la crise du Covid, ce marché dynamique devrait, selon Fortune Business Insights, passer de 46,84 milliards de dollars en 2022 à 77,83 milliards de dollars en 2029, avec un TCAC de +7,52%. Mais si la demande s’envole, tout n’est pas si rose alors que manger des pâtes devient de plus en plus onéreux. En cause ? Les aléas climatiques, le coût du pétrole mais aussi le prix des engrais azotés qui a triplé en un an. Focus sur un secteur où l'innovation renouvelle le genre en profondeur.
L’offre explose pour les alternatives au blé.
Si la recette de la pasta traditionnelle mise sur le blé, les pâtes végétales - initialement cantonnées aux magasins bio et aux marques spécialisées - se multiplient à tout va. Plusieurs facteurs expliquent cet essor comme la hausse du prix du blé, le boom des régimes anti-gluten et, de façon générale, la montée en puissance du véganisme et d’une alimentation plus saine. Ainsi la “pasta” se décline au-delà de toute imagination. Cybele’s propose ainsi des versions paléo sans gluten, sans allergènes, riches en vitamines et hautes en couleurs : la version violette est composée de lentilles rouges, carottes, betteraves et pomme de terres tandis que la version green est un mélange de lentilles vertes, kale, brocoli et épinards. Caulipower s’est quant à elle spécialisée dans les linguine au chou fleur, forte de son slogan ironique “They said it was impastable”. Chickapea privilégie une composition à base de lentilles et de pois chiche. Plus exotiques, les “pasta jungle” de Tasty Jungle sont fabriquées à partir de fruit à pain, très riche en protéines, magnésium, potassium et vitamine B. Mention pour Patagonia Provisions qui a récemment lancé des fusilli fabriquées à partir kernza, une céréale vivace originaire d’Iran dont la particularité est, une fois plantée, de produire une récolte chaque année sans besoin d'être réensemencée. Autrement dit : une culture bénéfique pour l'environnement.
Citons également l’américain Sfoglini qui décline les fusilli à la betterave, les spaccatelli à l'encre de seiche, les macaroni à l'épeautre, les rigatoni au chanvre, les trompettes aux cèpes etc. Pour accompagner ces nouvelles saveurs, la marque teste aussi des options en édition limitée par le biais de son club de pâtes du mois. Et la tendance ne laisse pas insensible les géants de l’agroalimentaire à l’image de Barilla et de sa ligne “Veggie Spaghetti” alors que Monoprix, Carrefour et consorts ont également sorti leurs variantes via leurs marques-distributeurs.
Durabilité, agro-écologie, upcycling et morphing pasta.
La question de l’éco-responsabilité s’inscrit également au cœur des préoccupations, à l’image de Papote, une marque française qui mise sur la proximité et cultive son blé dans une logique de préservation des sols et de la biodiversité. Côté upcycling, Semolina s’est associé à ReGrained - qui récupère les grains issus du brassage de la bière - pour lancer une marque de pâtes à base de farine recyclée. Autre piste : des chercheurs du Morphing Matter Lab et de l'université Carnegie Mellon se sont penchés sur la diversité des formes de pâtes et de leurs packagings pour réfléchir à des “morphing pasta” qui pourraient être emballées de manière compacte afin de réduire les déchets. L’idée ? Des formats - spirales, tubes, torsades… - qui prennent forme une fois plongés dans l’eau bouillante. Une approche inspirée de la nature. "Beaucoup d'organismes, en particulier les graines de plantes ou d'arbres réagissent à l'humidité ou à la pluie et se transforment" explique Lining Yao, fondatrice du Morphing Matter Lab en 2017. Plus récemment, les chercheurs d’une université en Israël ont mis au point une technologie permettant de préprogrammer les pâtes pour prendre une forme spécifique lorsqu'elles sont, là aussi, bouillies : une innovation qui a bien l’intention de dépasser le stade des recherches puisqu’une demande de brevet provisoire a été déposée et qu’une annonce a été publiée afin de trouver un exploitant pour une commercialisation sous licence.
Les pâtes 3D s’ouvrent aux chefs et au grand public.
Si les aliments imprimés en trois dimensions n'en sont qu'à leurs balbutiements, leur promesse est importante pour le monde de la food. Lynette Kucsma est cofondatrice et directrice marketing de Natural Machines, une entreprise qui fabrique une imprimante alimentaire appelée Foodini, utilisée notamment par la NASA. Pour elle, “dans 10 à 15 ans, les imprimantes alimentaires 3D deviendront un appareil de cuisine courant, comme l'est aujourd'hui votre four ou votre micro-ondes”.
En tout cas, s’il en est un qui croit dur comme fer aux possibilités de la 3D, c’est Barilla qui, dès 2017, lançait BluRhapsody, un projet dérivé né des recherches en R&D de la marque et première start-up issue de Blu1877, son fonds de capital-risque hybride et centre d'innovation. Récemment, Barilla a annoncé la commercialisation sur BluRhapsody de 15 modèles de pâtes premium sous forme de lettres, papillons, étoiles, coeurs, coquillages (...) à des prix oscillant entre 20 et 57 euros. Si les chefs s’en servent déjà pour proposer des expériences inédites, reste à savoir si le consommateur lambda voudra lui aussi se lancer dans l’aventure.
🤩 Hit the road Jack (fruit).
Le jackfruit ou fruit du jacquier, ça vous parle ? Originaire d’Asie du Sud et du Sud-Est (ndlr: le jacquier est le fruit national du Bangladesh et du Sri Lanka), ce dernier a un goût oscillant entre l’ananas, la mangue et la banane mais, contrairement à ceux-ci, on le retrouve beaucoup moins sur les étals de fruits et légumes occidentaux. En cause ? Son caractère ultra-périssable : il ne se conserve que trois jours dans des conditions non réfrigérées et moins d’une semaine au frais. À cela s’ajoute sa saisonnalité et son volume puisqu’il s’agit du plus gros fruit au monde poussant sur un arbre : il peut peser jusqu’à 15 kilos ! De quoi compliquer son transport. Et quand bien même il arrive à se frayer une place sur nos marchés, sa taille exorbitante interpelle, tout comme son prix alors que dans son pays d’origine ce fruit est souvent stigmatisé comme étant “le fruit du pauvre”.
Autant d’explications qui pourraient expliquer pourquoi le fruit du jacquier se fait si rare chez nous. Mais les choses pourraient être en train de changer, notamment en raison de la montée en puissance du véganisme. En effet, l’une des caractéristiques principales de cet aliment est sa teneur en protéines ainsi que sa texture fibreuse proche de celle du poulet. Aussi, les start-ups qui utilisent le jackfruit comme base de simili viande se multiplient : Nanka propose des steaks de jacquier 100% végétaliens ainsi que deux produits mélangés avec de la viande ; Jack & Annie's surfe également sur ce créneau et a récemment bouclé une levée en série B de 23 millions de dollars ; et le britannique Jack & Bry va un cran plus loin en commercialisant le premier filet de poisson de jacquier non pané, en collaboration avec The Cornish Seaweed Company.
C’est donc en toute logique que les recherches s’affolent sur Google avec 1.2 million de requêtes en avril 2022 soit près du double d’il y a cinq ans. Le marché du jacquier, pour sa part, devrait atteindre 359,1 millions de dollars d'ici 2026 avec un TCAC de +3,3 % au cours de la période de prévision 2021-2026.
What’s next ? L’offre devrait se diversifier au-delà des substituts de viande et de poisson. Jack & Friends, distribué au sein du très select américain Pop Up Grocer, propose par exemple un snack séché végétalien tandis que PakChips le décline en version chips healthy. En France, La Vie Claire a développé et commercialisé des produits dans le cadre d’une opération de sensibilisation des consommateurs à ce “nouveau” fruit. Il y a également des usages à décliner à partir des graines de jacquier : un seul fruit peut contenir 100-500 graines comestibles et nutritives. On peut aussi s’attendre à un fort développement sur le segment de la food fonctionnelle : une étude publiée en juin 2021 a en effet démontré l’efficacité de la farine de jacquier verte en tant qu’alternative au riz ou au blé chez les patients atteints de diabète de type 2. Bref, on n’a pas fini d’en entendre parler.
Signaux Faibles.
👩🍳 La Smart Cuisine au service de la durabilité.
La durabilité est une macro-tendance dans la food que nous avons déjà traité dans cette newsletter à plusieurs reprises, notamment sous l’angle des recettes à partir des déchets alimentaires. Désormais, un autre angle se développe sous le prisme de la tech. Des nouveaux robots aux objets intelligents en passant par le re-design des cuisines : zoom sur quelques-unes de ces innovations.
Le composteur de déchets alimentaires. Une nouvelle vague de systèmes de compostage intelligents et automatisés voient le jour. Objectif : aider l’utilisateur à transformer ses déchets alimentaires en compost. Parmi les marques qui émergent citons Lomi ou encore Tero qui assure pouvoir transformer les déchets en poudre compostable en trois à huit heures. Mais nous sommes encore loin d’avoir exploité toutes les opportunités : bientôt des start-ups capables de collecter ces déchets pour créer de l'énergie, de la petfood, voire d’autres choses ? On pense aussi à la revalorisation des déchets alimentaires grâce à l 'impression 3D développée par la société hollandaise Upprinting Food.
IoT et assistant intelligent. La start-up française Squikit a développé une solution IoT qui comprend une base intelligente - capable de reconnaître et de peser les aliments - reliée à des capteurs embarqués soit sur des bocaux de la marque, soit sur des autocollants à coller sur ses propres récipients, le tout associé à une application. Lorsqu’un aliment est sur le point d’être périmé, l’app avertit l’utilisateur et lui propose des recettes adaptées. L’application permet également de générer une liste de courses en fonction de ses habitudes ce qui permet d’éviter les achats compulsifs au supermarché ou les doublons.
Repenser la conception de nos cuisines. Le fabricant suédois d'appareils électroménagers Electrolux a récemment lancé un concept détonnant baptisé GRO. Concrètement, ce dernier se structure en modules - comme des briques Lego mais pour la cuisine - avec, notamment, une bibliothèque de graines, légumineuses et céréales ou encore une galerie qui permet de garantir des conditions optimales de conservation des fruits et légumes. Le tracker GR Coach, quant à lui, suit vos habitudes alimentaires pour mieux vous accompagner et vous guider vers des choix durables.
What’s next ? Micro-ondes, fours, robots… tout devrait désormais passer sous le filtre des innovations technologiques au service de la durabilité. Éléments centraux de cette quête, les réfrigérateurs devraient encore gagner en intelligence en intégrant, par exemple, un nez artificiel pour détecter la date de péremption d’un aliment ou encore des outils d’agriculture verticale pour faire pousser des salades au sein même de l’appareil. Le changement est en marche.
🍫 Le caroube, l’alternative au chocolat qui monte.
Le caroubier est un arbre originaire du Moyen-Orient qui produit une gousse composée d’une pulpe sucrée et de graines brunes. Riche en sucres, fibres et tanins, minéraux et oligoéléments, le caroube permet de donner naissance à deux produits. Issue de la pulpe séchée et torréfiée, la poudre de caroube est très ressemblante à celle de cacao. Produite à partir de la graine, la gomme est quant à elle utilisée dans le secteur agroalimentaire et dans d’autres industries - cosmétique, pharmaceutique…- comme épaississant, gélifiant et agglomérant.
Depuis quelques années, les acteurs sur le segment du caroube en tant que substitut au chocolat se multiplient. Il faut dire que contrairement à celui-ci, il ne contient ni caféine, ni théobromine. Parmi les acteurs émergents, WNWN Food Labs propose ainsi du “chocolat” fabriqué à partir d’orge cultivée durablement et de caroube biologique. Ici, l’accent est mis sur le caractère responsable de la démarche puisque la marque met en exergue le fait que plus d’un million d'enfants travaillent dans la production de cacao au Ghana et en Côte d'Ivoire (ndlr : environ 75% de la production de cacao provient de ces deux pays). À cela s’ajoutent les problèmes de déforestation : WNWN Foods Labs souligne qu’au cours des 60 dernières années, le Ghana a perdu 80% de sa couverture forestière, la Côte d'Ivoire 94%. En Australie, The Carob Kitchen joue la carte des atouts nutritionnels du caroube et propose une gamme de produits allant de la poudre aux céréales en passant par les chocolats et le sirop.
Mais au-delà de l’alimentation pour l’humain, le segment de la petfood semble également porteur. En effet, il faut savoir que le chocolat est toxique pour les chiens qui ne métabolisent pas la théobromine et, dans une moindre mesure, la caféine. Alors que le phénomène d’anthropomorphisme se renforce, on peut imaginer de nombreuses déclinaisons sur ce sujet.
Brèves de comptoir.
Back to the future of food @Vivatech. Thomas Lang, CEO et co-fondateur de Chefclub, était invité, à côté des leaders de la foodtech en France, pour parler du futur de la food à Vivatech. Replay ici.
Les curiosités du mois. Palme du marketing pour la marque de boissons Confidence Drink lancée par deux Gen Z. Comme son nom l’indique, celle-ci entend donner aux gens “la liberté mentale dont ils ont besoin pour s’épanouir”. Et attention aux amalgames : “Confidence n’est pas une boisson énergétique, Confidence est une boisson qui donne confiance” indique la promesse corporate. Comment réussir cette prouesse ? Grâce aux plantes adaptogènes. Les amateurs de barbecues quant à eux pourront découvrir cet été le tout premier charbon de bois infusé à la bière, le “beercoal” : une innovation signée Miller Lite. Parmi les autres curiosités détectées ce mois-ci, mention pour la marque Alice & The Magician et sa bibliothèque d’arômes rares afin de “rendre les boissons ordinaires extraordinaires”. Bois de pin, feu de cheminée, lavande sauvage ou encore truffe aillée : l’expérience promet d’être unique. Citons également les sauces bio, vegan et healthy au packaging psychédélique de HlthPunk ainsi que les Tropical Bliss de Driscoll's, des fraises haut-de-gamme pimpées par des saveurs inédites. Enfin, nous avons repéré pour vous My Air et son rituel anti-stress composé de barres énergétiques enrichies en adaptogènes et reliées à une app dédiée qui mesure votre stress tout en vous accompagnant dans la gestion de celui-ci.
La malbouffe contre-attaque. Alors que les nouvelles marques sur le marché n’ont jamais été aussi saines, fonctionnelles, low-sugar, low-sodium, est-ce qu’un petit ras le bol se ferait ressentir ? En tout cas, s’afficher à contre-courant semble être une stratégie qui peut payer sur le long terme et ce n’est pas la marque de chips Ffups qui vous dira le contraire. Son slogan “not healthy snacks”, sa pastille “not healthy” apposée sur le devant de son packaging et l’un des avis-client affiché en grand sur la home page du site donnent le ton : "tellement peu sain que j'ai acheté 15 sacs pour ma famille et mes amis. Les sacs étaient énormes". Si l’humour n’a jamais fait de mal, il est également vrai qu’un petit écart - le fameux cheat meal - ne doit pas non plus faire culpabiliser. Reste à savoir si d’autres acteurs sauront se laisser séduire par ce parti-pris.
Des NFT plus expérientiels. Nous sommes désormais bien loin - heureusement - des premiers NFT sous forme de JPG, sans aucune dimension utilitaire… Ce mois-ci, mention pour Thirsty Thirsty un club gastronomique et vinicole présenté comme “le plus cool de la planète” et qui entend "célébrer les lignées agricoles ancestrales en régénérant la planète et en favorisant l’interconnexion autour de la food”. La marque va au-delà des produits gratuits pour proposer de véritables expériences : ateliers, partage de compétences avec des leaders du secteur, visites privées de vignobles, expériences cérémonielles en Amazonie… Au 14 juin, soit cinq jours après le lancement de ces NFT, les ventes restaient cependant encore timides.
Ramen lifestyle. Avec 5 millions de requêtes Google en avril 2022 pour “Ramen” - soit une augmentation de +400% par rapport à avril 2020 - les nouilles japonaises n’en finissent plus de faire des adeptes. Si le marché est dominé par trois conglomérats alimentaires asiatiques à savoir Nissin, Nongshim et Toyo Suisan, de nouvelles marques plus healthy et éco-responsables débarquent comme The Future Noodles, Noodie - des nouilles non frites à base de spiruline accompagnées d'un bouillon à base de chou frisé, bok choy et brocoli - ou encore Immi. Yumi.