Rapport Tendances Food | Cactus Mania, GPT-3 en cuisine, Tendances 2023, Cuisine et sobriété énergétique, Desserts premium…
Tendances Food | Cactus Mania, GPT-3 en cuisine, Tendances 2023, Cuisine et sobriété énergétique, Desserts premium…
À la Une
🔮 Tendances 2023 (et au-delà).
L’année vient de démarrer et c’est l’heure de parler des tendances à venir. Alors que nombre d’entre elles semblent bien parties pour durer comme la food fonctionnelle, la nutrition personnalisée, l’upcycling ou encore la lutte contre le gaspillage alimentaire, le contexte économique et politique actuel pourrait cependant impacter - ou en tout cas questionner - certaines de ces trends. À l’heure de l’inflation générale, les consommateurs continueront-ils à payer pour des aliments durables, souvent plus onéreux ? Une problématique économique qui, selon l’expert en alimentation Daniel Skaven Ruben, pourrait aussi impacter les start-ups, confrontées à un potentiel ralentissement des investissements…
Ce à quoi pourrait bien s’ajouter les réflexions autour des approbations réglementaires liées aux nouvelles technologies telles que la viande cultivée ou encore les produits laitiers de fermentation de précision.
Pour notre part, voici trois tendances que l’on voit s’affirmer.
Super Snacks. Super Culture.
À en croire la troisième édition du State of Snacking de Mondelez, le marché des snacks ne se serait jamais aussi bien porté et semble bien parti pour s’étendre tous azimuts. Alors que 76% des sondés déclarent manger des snacks différents de ceux d’il y a trois ans, 84% d’entre eux imaginent que le choix d’encas augmentera encore dans un futur proche. Un sens de l’innovation déjà palpable avec l’essor des popcorns à base de graines de nénuphar ou de chou-fleur, des chips de cactus, d’avocat, de champignons… Côté sucré, les recettes fonctionnelles devraient aussi continuer leur progression avec des chocolats dédiés aux problématiques hormonales, des snacks allergy-friendly ou enrichis en collagène, des cookies stimulant le microbiote… Et que dire des boissons supposées favoriser le sommeil, apaiser les estomacs ou booster l’énergie ? Autant de “super snacks” auxquels on déroule le tapis rouge et que l’on retrouve via des drops ou des collaborations exclusives, dans des distributeurs ou dans des pop-up d’un nouveau genre.
Et vous n’avez pas tout vu alors que les célébrités se bousculent pour lancer leurs propres snacks, de Mr Beast à la famille Schwarzenegger en passant par Chris Paul et les Jonas Brothers. Un engouement qui pousse certaines marques à développer des stratégies marketing pour accéder en exclusivité à certains encas, comme sur Foxtrot où certains snacks sont spécifiquement réservés à une clientèle abonnée. Les snacks, les prochains collectibles atypiques que l’on s’arrache ?
Les légumes et légumineuses contre-attaquent.
Nous ne sommes plus à un paradoxe près : alors que le véganisme et les modes de consommation durables continuent d’aller crescendo, plusieurs acteurs du marché déclinent. Pour preuve, le spécialiste des simili-viandes Beyond Meat a récemment révisé ses prévisions de revenus et annoncé le licenciement de 19% de ses effectifs. McDonald's de son côté, a stoppé son test américain du McPlant Burger composé justement d’une galette végétale Beyond Meat.
Un élément d’explication pourrait résider dans le constat fait par la food designer Marije Vogelzang il y a quelques années : nombreux sont les substituts végétariens à revêtir la forme de cuisses de poulet, steaks hachés, nuggets... Des imitations qui souffriraient de la comparaison avec les produits originels et qui, selon Marije Vogelzang, nécessiteraient de développer de nouveaux récits pour trouver leur public. En ajustant leur positionnement marketing et leur storytelling, les légumes et légumineuses pourraient ainsi revenir sur le devant de la scène. L’occasion, également, de propulser des variétés méconnues : comme le souligne l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), sur les 4% des 250.000 à 300.000 espèces de plantes connues, seules 150 à 200 seraient utilisées par l’homme. Seules trois d'entre elles - le riz, le maïs et le blé - fournissent près de 60 % des calories et des protéines que l'homme tire des plantes. Autant de pistes qui commencent à inspirer certaines marques à l’image de Primary Beans qui propose des variétés peu répandues de haricots comme l’ojo de cabra ou la sangre de toro, de Heyday Canning avec ses conserves originales ou encore de Lentiful qui revisite les lentilles façon ramen.
Regenerative Everything.
L’agriculture régénératrice peut-elle sauver le climat ? Une chose est certaine, elle prend racine un peu partout dans le monde. Sous couvert de stimuler la biodiversité des sols, on devrait ainsi voir se développer de nouveaux acteurs sur toute la chaîne de production, qu’il s’agisse d’outils pour aider les agriculteurs à réussir leur transition ou de labels tels que le ROC. Nous vous avons déjà parlé des oeufs Helpful Hens, des “restorative eggs” de Vital Farms ou encore des “climat-friendly” crackers de Moonshot. Mais le phénomène peut aller encore plus loin que le simple branding, à l’exemple des Varietal Crop Crackers : bientôt disponibles, ces crackers sont formulés à base d'un assortiment de blé, de légumineuses et de graines, tous plantés dans le cadre d'une rotation des cultures. Résultat ? Des produits commercialisés sous différentes variantes de recettes, chacune étant supposée représenter la culture de la saison.
Si des dispositifs législatifs en faveur de l’agriculture régénératrice devraient se développer dans les mois à venir, des mouvements pourraient également se créer et se renforcer à l’image de Zero Footprint qui permet à des restaurants de reverser un pourcentage de leur chiffre d'affaires pour financer ce type de cultures. Une tendance qui devrait particulièrement trouver écho chez des consommateurs en quête d’hyper-physicalité, avides de sylvothérapie et de déconnexion au vert comme autant de remèdes aux problématiques de santé mentale révélées par la crise du Covid-19.
✨Les voix du food design.
Francesca Zampollo, une italienne qui gravite dans le monde du food design s’est illustrée l’été dernier en publiant “Food design voices 2022”. Le pitch ? Des designers alimentaires, des chefs, des universitaires, des chercheurs, des scientifiques et des auteurs répondent à trois questions : Quelle est la pertinence du food design dans le contexte mondial actuel ? Quelle est leur vision du design alimentaire durable ? Qu'est-ce que le food design aujourd'hui ?
Parmi nos coups de cœur, citons les travaux de Marta Bocos qui explore la gastronomie interactive et des nouvelles narrations. Avec “El Bocadillo del Tiempo”, elle utilise par exemple la notion de goût pour consommer, littéralement, des informations. L’idée ? Transformer les prévisions climatiques de Barcelone en sandwichs : chaque paramètre météorologique est attribué à un ingrédient qui, en fonction des prévisions, est cuisiné d'une manière spécifique, générant ainsi différentes saveurs, textures et combinaisons. Un autre de ses projets, “Reactive Plants”, se veut quant à lui permettre de visualiser des données au moyen d'éléments destinés à faciliter la compréhension et la mémorisation : ici, des plantes reçoivent de l'eau et de la lumière en fonction des valeurs de la Bourse, illustrant la santé économique en temps réel de trois entreprises sélectionnées par l’experte.
Autre concept fort avec le studio Escaparatech et ses sauces interactives. Lancé à l’occasion du salon Fruit Attraction et commissionné par le producteur d’asperges “Centro Sur”, ce projet mise sur une façon originale de déguster ce légume : une fois les asperges trempées dans l’un des récipients de sauce, les bols s’illuminent au rythme d’une musique entêtante. Qui a dit que manger des légumes était ennuyeux ?
Signaux Forts
🔌 La food à l’heure de la sobriété énergétique.
Dans un contexte marqué par l'accélération du changement climatique et les conflits géo-politiques, le gouvernement a annoncé en octobre dernier son plan de sobriété énergétique avec pour objectif de réduire de 10% la consommation d'énergie d’ici 2024.
Les géants de l’agroalimentaire s’emparent eux aussi du sujet. Danone vient ainsi de lancer un programme d'excellence énergétique “Re-Fuel” afin d'améliorer l'efficacité énergétique de ses sites à travers le monde. L’entreprise finlandaise de produits laitiers Valio a pour sa part réalisé ce qu’elle prétend être son "plus gros investissement en matière d'efficacité énergétique" dans son usine de Lapinlahti avec pour ambition d’y réduire la consommation d'énergie de plus de 10%. Autre illustration avec Nestlé qui a investi 2,3 millions d'euros dans un système d'énergie thermique green pour équiper l'usine de chocolat de sa filiale La Penilla de Cayón en Espagne.
L’OP marketing de Barilla pour promouvoir le “passive cooking”.
Côté grand public, le sujet passe lui aussi à la casserole. Dans un post Facebook publié en septembre, le physicien Giorgio Parisi - lauréat d’un prix Nobel en 2021 - suscitait le débat en suggérant de faire cuire les pâtes différemment afin d'économiser de l'énergie et de l'argent.
Validant la démarche et flairant le coup de pub green, le leader mondial Barilla s’est emparé de ce concept de cuisson passive destiné à générer 80% de CO₂ en moins. Concrètement, il s’agit d’éteindre la cuisinière en fin de cuisson pour laisser les pâtes terminer de cuire dans l’eau bouillante. Barilla, qui a répertorié les temps de cuisson passive en fonction des différentes pâtes, a même développé le Passive Cooker, un dispositif à apposer sur le couvercle de la casserole : connecté à un smartphone, il permet d'avertir lorsque les pâtes sont prêtes. Si la marque a développé un prototype, elle distribue Passive Cooker en tant que projet open-source en fournissant des fichiers de conception et une liste de pièces à acheter. Bien entendu, seul un petit pourcentage de consommateurs imprimera en 3D et assemblera son propre appareil… Pour tous les autres, Barilla a lancé le Passive Cooking Bot, un chatbot qui livre des instructions étape par étape via WhatsApp.
Cet exemple traduit ici l’opportunité pour les marques de food d’investir leur rôle de marques-médias et de marques servicielles en éduquant leurs publics à des façons de consommer et de cuisiner moins énergivores. Elles pourront ainsi s’inspirer de cette calculatrice de carbon footprint pour repas, de cet article d’EDF ou des recettes Marmiton sur les façons de cuisiner avec moins d'énergie.
Ces démarches illustrent aussi les potentiels changements dans nos équipements de cuisine avec, pourquoi pas, de nouveaux gadgets à imaginer. Pur hasard ou effet TikTok, sachez que le slow cooker, réputé comme étant l'appareil de cuisson le moins énergivore a été recherché 450K sur Google en octobre 2022 VS 301K en octobre 2021, soit une hausse de +50%. Et l’air fryer - moins énergivore qu’un four - continue également de séduire puisqu’il a été requêté 5M de fois en octobre 2022 sur Google VS 3,4M en octobre 2021, soit une augmentation de +47%.
🧁 Desserts prêts à l'emploi : le kit, c’est chic.
Qui n’a pas déjà acheté au supermarché une préparation prête à l’emploi où il suffit d’ajouter un œuf ou un peu de lait, de mixer et hop au four ? De l’industriel certes, mais rudement pratique avec une petite touche de FIY (Finish-it-yourself) qui permet même au plus démuni en compétences culinaires de s’en sortir facilement. Le problème ? Des compositions pas toujours clean, souvent peu adaptées à des régimes spécifiques (sans allergènes, keto, sans gluten etc.) ou, tout simplement, un rendu final assez plan plan… Autant d'éléments qui ont incité plusieurs entrepreneurs à challenger cette catégorie de produits.
Dès 2010, la marque française Marlette fondée par deux soeurs - l’une ingénieure en agro-alimentaire et l’autre diplômée de l’école hôtelière Vatel - a voulu mettre à l’honneur des préparations où “le goût, les valeurs nutritives, la provenance et le mode de culture des ingrédients” sont respectés. Version bio ou sans gluten grâce aux farines de riz complet et d’arrow-root : toutes les matières premières - premium - sont sourcées localement. Quelques années plus tard, d’autres marques telles que Max de Génie poursuivent sur cette dynamique en se spécialisant dans les préparations sans sucres ajoutés ou à index glycémique bas.
En parallèle, on a également assisté à l’essor des cookies jar et autres bocaux contenant des mixtures clés en main à l’esthétique avantageuse, façon layering. Mais en termes de glamour, on est encore loin du phénomène “The Caker”. Basée en Nouvelle-Zélande, la blogueuse Jordan Rondel, passionnée de pâtisserie, a ici décidé de diversifier son business avec des préparations prêtes à l’emploi. Au menu : sourcing, qualité et originalité. En plus de la mixture de base, les kits sont composés de décorations et de glaçage pour créer des gâteaux absolument époustouflants. Depuis quelques années, la marque multiplie des collaborations étonnantes et, en 2020, l’enseigne attaquait son expansion sur le marché américain. D’autres exemples : le français Cake Master - qui a financé son lancement via la plateforme de crowdfunding Ulule - ou encore Cravings, les kits impulsés par l’américaine Chrissy Teigen… qui ressemblent étrangement à ceux de The Caker, avec qui la top model avait d’ailleurs collaboré quelques mois auparavant. De quoi s’attirer les foudres des internautes et de la fondatrice de The Caker herself.
Signaux Faibles.
🌵 Cactus Mania.
Parmi plus de 2.000 espèces de cactus référencées de par le monde, certaines ont la particularité de se consommer soit pour leur fruit, soit pour la plante elle-même, soit pour les deux. Plébiscitée depuis des siècles dans les régions arides, cette famille de plantes gagne désormais en visibilité grâce à l’engouement des consommateurs pour la world food et pour des aliments plus durables.
En 2017 déjà, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture publiait un plaidoyer en faveur du cactus, notamment le figuier de barbarie. Ses atouts ? Sa capacité à “renforcer la résilience des populations confrontées à des situations de sécheresse, de températures élevées et de sols dégradés” et à “aider à limiter les émissions de gaz à effet de serre en réduisant la méthanogénèse des ruminants quand il est intégré à leur alimentation”. Également appelé nopal ou poire cactus, ce cactus originaire du Mexique présente aussi l’intérêt d’être présent sur le bassin méditerranéen, alimentant ainsi la tendance du “local exotic”. Bref, une plante durable et écologique doublée d’un choix d’avenir pour l’alimentation et le fourrage. Et ce n’est pas tout. C’est également une plante réputée pour ses actions médicinales : riche en antioxydants, sa teneur en fibres a un effet coupe-faim alors qu’on lui prête aussi des vertus anti-inflammatoires et antispasmodiques.
Si l’on n’a pas encore vu d’usages majeurs du cactus dans le secteur de la grande consommation (comme substitut de viande par exemple), on observe toutefois le développement progressif de marques spécialisées autour de cet ingrédient : confitures, jus, snacks - comme ceux proposés par Nemi à base d’amarante soufflée, poudre de cactus et autres super aliments - ou encore tacos healthy comme ceux de Tia Lupita. Autre axe porteur : l’eau de nopal avec les marques américaines True Nopal ou Pricklee dont la dernière a été lancée en mai dernier grâce à l’émission SharkTank.
Mais le nopal n’est pas la seule variété de cactus à s'immiscer dans nos assiettes puisque le fruit du dragon - appelé aussi pitaya - séduit les industriels. En 2019 déjà, Fanta lançait en France sa saveur Mangue-Fruit du dragon produite grâce au soutien de 66.000 adolescents dans le cadre de l’opération marketing FantaxYou. Andros a également sorti une boisson au litchi et fruit du dragon tandis que Bonne Maman l’a associé au pamplemousse dans ses confitures. À noter que les versions lyophilisées ou séchées se démocratisent à l’image des produits Kooky. Des débuts prometteurs alors qu’une première expérience de culture du fruit du dragon sous serre dans une exploitation algérienne a vu le jour sous couvert d’un partenariat algéro-chinois, ouvrant la voie à de possibles cultures bien au-delà de ses régions de prédilection que sont l’Asie, l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud. Assurément, le monde entier est un cactus.
🤖 L’IA Générative peut-elle faire recette ?
Campagnes marketing originales, néo design culinaire, cuisine expérientielle … récemment, nous vous parlions des usages food de DALL-E, une intelligence artificielle d’OpenAI capable de créer des images à partir de descriptions textuelles. Mais saviez-vous qu’il était possible d’utiliser d’autres outils d’IA générative en cuisine ?
Bonne nouvelle : pas besoin d’être développeur pour essayer GPT-3 puisque l’accès se fait via OpenAI Playground, disponible gratuitement pendant plusieurs mois à la seule condition de créer un compte. Si GPT-3 est déjà utilisé pour écrire des articles, rédiger des synthèses ou encore brainstormer, il peut aussi servir à rechercher et créer des plats. Comme le montre la capture d’écran ci-dessous, nous avons utilisé l’outil pour générer une recette à partir d’ingrédients que l’on avait sous la main.
Ici, l’idée est donc simplement d’indiquer ses ingrédients pour générer une recette. Un point important à avoir néanmoins en tête est la fonctionnalité “température” que l’on peut faire défiler de 0 à 1 : en substance, plus on est proche de zéro, plus l’IA choisira des recettes ayant une forte probabilité d'occurrence et de pertinence ; plus on s’éloigne de zéro, plus la recette misera sur la variété et la créativité. Pour le meilleur et pour le pire ? Le New York Times a récemment exploré le sujet en demandant à l’outil de générer un repas de Thanksgiving personnalisé. La journaliste Priya Krishna a ainsi entré le brief suivant : “Je suis une Indienne-Américaine. J'ai grandi au Texas. J'aime les saveurs épicées. J'aime la cuisine italienne. J'aime la cuisine thaïlandaise. J'aime ces ingrédients. Montrez-moi un menu de Thanksgiving fait pour moi.” Verdict : “Ils sont parvenus à créer une farce naan avec 32 ingrédients différents. C'était fou. Une dinde rôtie avec un glaçage au soja qui ne nécessitait qu'une seule gousse d'ail pour une volaille de 12 livres. Et puis un plat vraiment déroutant appelé "pumpkin spice chaat", de la purée de potiron avec des épices, de la coriandre et du jus de citron vert” selon la journaliste. Aussi intriguant que prometteur sur le papier, le test IRL n’a cependant pas tenu toutes ses promesses avec une dinde bien trop sèche.
Faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Non bien sûr, dans la mesure où cet exemple illustre encore une fois le fait que les IA ne sont pas - encore ? - prêtes à remplacer l’humain mais peuvent en revanche constituer des alliées. Pour reprendre l’exemple du NYT, un chef aurait ainsi pu se voir challenger par une IA pour tester les recettes et les adapter ensuite. Preuve que la démarche peut porter ses fruits, l’auteur italien Paolo Rosson a récemment sorti “IA Cookbook: a taste of the future”, un livre de cuisine où tous les visuels ont été produits par DALL-E. Les recettes ont quant à elles été élaborées grâce à GPT-3 puis supervisées par l’auteur. Résultats ? Les premiers avis semblent bien plus enthousiastes que ceux des testeurs du NYT…
Un autre exemple intéressant est celui de l’entreprise finlandaise Valio, déjà citée. Celle-ci a créé une barre de chocolat sobrement baptisée "The Bar" et dont la recette se base sur l'analyse, par l'IA, des pensées, des envies et des goûts des consommateurs. Concrètement, l’entreprise a utilisé l'intelligence artificielle pour décortiquer plus de 1,5 million de discussions sur les médias sociaux relatives au chocolat au lait et a interrogé des centaines de personnes sur leurs préférences. Alors que l’outil a permis de détecter une appétence marquée pour les chocolats plus sains, cinq recettes de chocolat contenant moins de sucre ont vu le jour, là où les goûts et les textures ont été pensés pour répondre à des cas d'utilisation différents : impulsion, envie, délice, faim et détente.
Mais L’IA générative peut donner naissance à des concepts encore plus étonnants. La marque Oio a par exemple développé ce qu’elle appelle “l’intelligence artisanale” : un processus dans lequel des designers prennent part à un échange créatif avec une série d'algorithmes, de l'idéation à la production. Ici, à partir des combinaisons infinies générées par une IA pour concevoir une cuillère, les designers ont sélectionné trois propositions qui ont ensuite été produites en 100 exemplaires dans l'une des plus anciennes usines d'argenterie d'Italie. Une façon étonnante de concilier le volume de l’IA à la rareté de la production, le tout sous la supervision humaine.
What’s next ? La technologie est là et, comme c’est le cas dans d’autres domaines, on peut s’attendre à voir se développer de nouvelles start-ups qui entraîneront leurs propres projets sur des verticales telles que la food. De la même façon que DALL-E produit déjà des images, il y a fort à parier que d’autres outils viendront générer des vidéos pour parfaire l’expérience. Mais qu’on se le dise : rien ne viendra remplacer la touche du chef.
Brèves de comptoir.
Les curiosités du mois. Comme chaque année, le magazine TIME a dévoilé sa liste des meilleures inventions de 2022. Parmi celles-ci, le ruban adhésif comestible pour burrito de Tastee Tape. Pour Halloween, la marque Heinz a quant à elle frappé fort avec une mayonnaise noire. Côté sucré, si l’on connaissait déjà les barres glacées saveur yaourt, Clio Snacks se distingue en proposant ses barres lactées au rayon frais. Côté surgelé, les suédois de N!CK's ont dévoilé leur dernière innovation : une collection de crèmes glacées "keto-friendly" inspirées de Minecraft où chaque parfum est présenté dans un récipient carré qui rend hommage aux blocs caractéristiques du jeu vidéo. Mention aussi pour la spiruline Etika qui se présente sous forme de tablette surgelée : il vous suffira de casser un ou plusieurs carrés et de les faire fondre dans vos préparations. Malin ! Et pour les amateurs de carrés noirs, place à la version chocolat très premium et micro-dosée Alice.
Strass et paillettes. Pour mettre des paillettes dans sa vie, nul besoin d’aller plus loin que le bout de sa cuillère. Alors que, nous vous parlions déjà des paillettes pour céréales de la marque OffLimits - régulièrement out of stock - la tendance se poursuit. En mai dernier, Aldi lançait un gin pailleté pour célébrer le jubilé d’Elizabeth II. Façon bombe de bain, Art of sucre mise sur de la barbe à papa enveloppée de paillettes comestibles pour pimper, entre autres, les coupes de champagne. Racheté par Heineken il y a quelques semaines, le brasseur Beavertown Brewery surfe sur la tendance avec sa bière à paillettes. Une ruée vers l’or que ne démentira pas Marks & Spencer dont le must have de Noël se veut être depuis plusieurs années une bouteille de champagne remplie de paillettes.
Hip-Hop & food. Dans le Top 5 Amazon des meilleures ventes d’ouvrages de cuisine du moment, on trouve le livre de recettes du rappeur américain Snoop Dogg. Etonnant ? Pas tant que cela alors que ce dernier est co-animateur de l'émission à succès “Martha & Snoop's Potluck Dinner Party” aux côtés de la star des fourneaux Martha Stewart. Preuve que le hip-hop peut avoir des vertus insoupçonnées pour la food, deux autres news ont retenu notre attention : le lancement des snacks Cheez-it dont le fromage, comme cela peut être fait pour l’alcool, a été “vieilli” au son d’une playlist hip-hop ; et une organisation culinaire de Baltimore qui a introduit l'art de la narration hip-hop dans ses plats. La “soul food”, tendance de fond ou phénomène de mode ?
Les sushis pour femmes enceintes. Avis aux femmes enceintes : si jusqu'à présent la consommation de ces bouchées japonaises était fortement déconseillée en raison de la présence possible de listeria monocytogene, un trio de choc composé d’un chef, d’un obstétricien et d’un gynécologue a développé les Kentsu Sushy. Leur particularité ? Le poisson est ici chauffé à cœur pour atteindre 75°C (167°F) afin de limiter les risques d'intoxication alimentaire. Les sushis sont ensuite rapidement transférés dans un congélateur liquide afin d'empêcher la prolifération des bactéries et éviter la formation de cristaux de glace. Leur commercialisation a débuté en novembre au Japon avec un tarif avoisinant $46 la boîte. Bientôt un export en Occident ?
Do you donuts ? À l’heure où le pouvoir d’achat des consommateurs se fait fragile, les petits plaisirs sucrés semblent tirer leur épingle du jeu comme l’illustre l’engouement croissant - sans jeu de mots - pour le donut. Hérité de la culture néerlandaise et démocratisé par les américains, cet encas connaît en effet un regain de popularité : 6,1 millions de requêtes ont ainsi été enregistrées sur Google en octobre dernier, soit +80% en un an. Parmi les tendances : les mochi donuts, une pâtisserie hybride aux accents japonais. Et alors que les recettes vegan sont également plébiscitées, il est à noter que le secteur n’échappe pas à la mouvance healthy avec, par exemple, la marque Wow! et ses donuts hyperprotéinés faibles en calories, ou encore Glonuts qui se revendique vegan, keto, cru, sans gluten et peu sucré.
Le supermarché de 2050. À l’occasion de la dernière Dutch Design Week, l’Embassy Lab s’est allié à plusieurs food designers pour imaginer à quoi pourrait ressembler le supermarché de 2050. Parmi les scénarios proposés : le supermarché “coach de vie”, un concept explicité par la food designer Chloé Rutzverzeld : “J’imagine que dans trente ans, nous aurons tous chez nous des appareils intelligents - toilettes, miroir de salle de bain… - capables de collecter des données personnelles tout au long de la journée. Le supermarché pourrait alors devenir l’endroit où aller pour interpréter ces données, vous proposant des conseils nutritionnels personnalisés ou vous rappelant d’acheter un complément alimentaire pour booster votre flore intestinale”. Autre concept, le supermarché en tant que laboratoire vivant pour de nouveaux produits tels que la viande de culture, les micro-algues ou encore les champignons génétiquement modifiés. “À l'heure actuelle, il existe une grande distance entre la recherche de nouveaux produits et les consommateurs. Le manque de transparence au sujet de ces produits leur donne une image un peu étrange, façon Frankenstein” peut-on lire sur le site du salon. Troisième grande thématique : le supermarché version superbeing qui explore la relation entre humain et IA. Dans “The Fresh Place d'AI-BERT” développé par le studio de design Nonhuman Nonsense, l'IA est aux commandes via l’utilisation des algorithmes GPT-3 et DALL-E.