Rapport Tendances Food | Vanille nouvelle génération, les opportunités de DALL-E, la fast-food entame sa mue…
À la Une
🍔 Du fast food au fast good.
La révolution McDonald's a démarré aux USA en 1940 avant de prendre son essor progressivement en Europe dans les années 1970, un phénomène très rapidement suivi par d’autres géants de la fast food. Alors que certains signes indiquent que les restaurants auxquels nous sommes habitués perdent peu à peu des parts de marché, le secteur de la restauration rapide continue de se développer. Pour preuve, le marché mondial devrait passer de $972,74 milliards en 2021 à $1467,04 milliards en 2028 avec un taux de croissance annuel moyen de 6,05% sur cette période. Les burgers, sandwichs, pizza et pâtes représentent à eux-seuls plus de la moitié du marché.
Mais voilà, malgré sa popularité, le secteur fait face à un problème d'image lorsqu'il s'agit de santé, de durabilité et de nutrition. Ces dernières années, la prise de conscience écologique, mais aussi les changements culturels tels que la montée en puissance du véganisme et la question du bien-être animal ont fortement impacté le marché, stimulant en parallèle le segment de la fast food végane. Selon Verified Market Research, la taille du marché de la restauration rapide végétalienne a été évaluée à $17 milliards en 2020 et devrait atteindre $40,25 milliards en 2028 avec un TCAC de 11,40% sur cette période. Une véritable menace - mais aussi une opportunité - pour les acteurs en place.
Ainsi, nombre d’enseignes traditionnelles de la fast food redorent leur blason green à grands coups d’offres véganes et de process plus durables. Starbucks, par exemple, a augmenté le nombre de références de laits végétaux au menu et a introduit un sandwich à base d’alternative végétale au poisson. Même dynamique du côté du géant de la pizza Domino’s qui a lancé plusieurs déclinaisons comme la “Cal’z tomates marinées” - incluant du fromage râpé vegan - ou encore la “Vegan Peppina.” Côté burgers, citons le partenariat entre Beyond Meat et McDonald's qui a conduit à la commercialisation d’un burger végétal, le “McPlant”. Mais la marque vient de confirmer la fin de cet essai, qui aura duré trois ans… Ventes décevantes ? Premiers pas trop timides ? Car il ne suffit pas d’ajouter des produits vegan : il faut aussi incarner la démarche. Burger King est allé un peu plus loin en ancrant son offre végane dans le cadre de dispositifs événementiels bien pensés. Ainsi, la chaîne américaine a testé un point de vente entièrement végétalien à Londres cette année. En juillet dernier, la marque faisait même de sa galette sans viande le menu par défaut le temps d’une journée, dans le cadre d’une campagne en Autriche. Grâce à son partenariat avec Impossible Foods, la chaîne affirme que 50% de son menu sera à base de plantes d'ici la fin de la décennie. Sacré revirement.
À noter également l’arrivée d’une nouvelle génération d’acteurs 100% vegan dotés de forts positionnements sociétaux comme autant d’atouts différenciants. Parmi eux, Furahaa, un terme swahili désignant la joie, le bonheur. Sa particularité ? Son fondateur, Arthur Devillers, est non-entendant et donc particulièrement conscient des difficultés pour les personnes atteintes de ce type de handicap à trouver un emploi. Il s’est ainsi donné pour mission de développer un réseau de succursales-franchises avec pour objectif d’encourager le recrutement d’employés atteints de troubles de l’audition. Aux USA, c’est l’acteur et producteur Kevin Hart qui s’est récemment illustré avec le lancement de son premier fast-food vegan à Los Angeles, Hart House : la jeune société annonce d’ores et déjà avoir lancé la construction de deux nouveaux restaurants et a loué plusieurs autres emplacements. Au-delà de proposer une offre de burger vegan de qualité, la marque revendique offrir à ses salariés de bonnes conditions de travail alors que la crise de l’emploi et la pénurie de main d'œuvre font rage aux Etats-Unis. Ici, en plus du salaire horaire de base compris entre 19 et 22 dollars (contre 16 dollars en moyenne à Los Angeles), les travailleurs bénéficient d’avantages sociaux inédits. Parmi eux, une série de réductions sur des produits et services destinés à optimiser le quotidien. En outre, les travailleurs peuvent également ouvrir un compte d'épargne auprès du Sunny Day Fund auquel Hart House applique un taux d'intérêt majoré pour encourager les employés à épargner. Concrètement, pour 200 dollars déposés, Hart House en verse 20 de plus.
Sur ce marché en plein essor, citons également la franchise hollandaise Vegan Junk Food Bar - dotée de valeurs fortes en matière de ressources humaines - qui en est à sa 7ème ouverture en Europe. Même dynamique chez l’américain Nomoo qui promet des salaires plus élevés que le Smic ou encore le français Velicious Burguer qui s’implique dans des projets environnementaux.
Que faut-il retenir ? Si la fast food n’échappe pas à la vague du véganisme, c’est un mouvement bien plus large qui se met en place : celui d’une offre plus responsable environnementalement et sociétalement. Dans quelques années, le paysage de la restauration rapide pourrait ainsi être totalement remanié en fonction de valeurs-clés, comme cela est déjà le cas dans certains supermarchés à l’image de Bubble ou de The Goods Mart qui permettent de choisir ses marques et ses produits selon ses valeurs : durabilité, politique d’inclusion, parité etc.
🤖 Quand DALL-E inspire la food.
Des peintres classiques aux food designers contemporains, la gastronomie continue d’inspirer de multiples représentations artistiques. Et dans les années à venir, ce phénomène pourrait encore aller crescendo grâce au développement et au perfectionnement de programmes d'intelligence artificielle (IA) capables de créer des images à partir de descriptions textuelles. En janvier 2021, OpenAI dévoilait officiellement un premier essai avec une chaise en forme d’avocat. Cette année, son outil d’IA - baptisé DALL-E 2 - entre en version bêta : réservé en premier lieu à une poignée d’happy few, ce dernier est progressivement déployé auprès d’un million de personnes puis se mutera en service payant. Tour d’horizon de ces early use cases appliquées à la food.
Des campagnes marketing originales. En début d’année, Heinz lançait sa campagne “Heinz draw Ketchup”. Le concept ? Un concours de dessin organisé de façon anonyme où des participants issus de 18 pays ont été invités à dessiner leur vision d’un flacon de ketchup lambda. Fait intéressant, la majorité des dessins auraient associé le ketchup à Heinz. Forte de cet insight, la marque utilisa ces créations dans le cadre d’un dispositif publicitaire. Puis, surfant sur le lancement de DALL-E, Heinz en profita pour redonner une nouvelle impulsion à sa campagne en publiant les visuels générés par l’IA. Mais si la marque affirme que l’IA associait elle aussi le ketchup à Heinz, certains twittos ont remis en doute la véracité de cette information alors que leurs propres requêtes sur l’outil ne livraient pas les mêmes résultats… Polémique ou pas, toujours est-il que le dispositif a marqué les esprits.
Renouveler les banques d’images pour échapper à l’uniformisation. Allez sur Istock, tapez “food” et vous obtiendrez pas moins de 29 millions de résultats. Tapez “food image” sur Google et vous obtenez près de 68K requêtes (août 2022). Autrement dit, les visuels génériques sont très recherchés et passer par DALL-E pourrait permettre de distiller un peu plus de créativité dans ces catalogues d’images parfois un peu uniformes…
Du design culinaire boosté à l’IA. C’est un fait : on mange d’abord avec les yeux. Pas étonnant que la food soit omniprésente sur Instagram ! Et si DALL-E permettait de donner plus d’idées de présentation des plats ? Sur un article de blog, OpenAI a ainsi expliqué comment le chef israélien Tom Aviv s'était inspiré de DALL-E pour créer le menu, le décor et l’ambiance de son prochain restaurant. Son équipe a notamment utilisé l’outil pour concevoir la mousse au chocolat Picasso dont le design sculptural se veut être un hommage aux parents du chef.
Nouveaux plats, nouvelles expériences. DALL-E pourrait aussi aider à concevoir une nouvelle offre de restauration expérientielle, à commencer sur le secteur des bars et des cafés alors que de nombreuses itérations de cocktails ou de lattés témoignent déjà du potentiel de l’IA. En poussant le concept encore plus loin, on pourrait également imaginer intégrer des cours DALL-E dans les écoles pour favoriser la créativité des chefs, voire développer de nouvelles recettes de cuisine fusion. Pour les plus curieux, le compte Twitter WeirdAIchef du data scientist Max Woolf - qui travaille chez Buzzfeed - partage des visuels très convaincants de cronut-za, pizza-burger, taco-salade en bouteille... Bref, tout reste encore à inventer.
Signaux Forts
🤩 Le lait végétal poursuit sa mue.
Qu’il est loin le temps où l’offre de lait végétal se résumait à quelques références à base de soja, d’avoine ou encore d’amande. Désormais, il y en a pour tous les goûts : lait de sarrasin, de riz, d’arachide, de noix de coco, de noix de cajou, de patate… Si nous vous avions déjà fait une rétrospective des innovations du secteur il y a quelques mois, on reprend du service tant les choses ont évolué depuis. Entre nouvelles recettes, nouveaux formats et nouveaux claims santé, voici un panorama des dernières tendances en la matière.
Après le lait de patate, who’s next ? Grâce à l'entreprise suédoise Dug, le lait de pomme de terre a alimenté de nombreux articles en ligne, notamment pour le décliner dans sa version home made. Désormais, c’est le lait de sésame qui semble se démocratiser. Même s’il existait déjà, notamment chez la marque Ecomil, citons l’américain Hope and Sesame qui joue à fond la carte de la durabilité en misant sur cette plante tolérante à la sécheresse et autopollinisante. Par ailleurs, la marque s’engage à upcycler les résidus de la production d’huile de sésame. Mention également pour le lait de lin de Malibu Mylk, un super aliment qui constitue la plus grande source d'oméga-3 végétalien et présente des arguments digestifs et anti-inflammatoires. Mention aussi pour le géant américain de la bière Coors qui se distingue avec le lancement d’un lait d’orge appelé Golden Wing. Et ce n’est pas tout : préparez-vous bientôt à accueillir le lait de laitue de Pigmentum… la même start-up qui veut également produire de la vanille de laitue.
Le lait en brique ou en bouteille : has-been ? Même lorsque les lait végétaux sont conditionnés dans une démarche éco-responsable (cartons Tetra Pak recyclables, packagings à partir de matières végétales renouvelables, bouteilles PET dotées d’encres et d’étiquettes recyclables…), la solution est encore loin d’être parfaite : volumineux, ces emballages restent énergivores en carbone dans leur process de transport et de stockage. Sans compter le fait que ces produits doivent être conservés au frais une fois ouverts et consommés rapidement afin d’éviter le gaspillage. De quoi inciter certaines marques à s’emparer du sujet. Ainsi, La Mandorle propose depuis de nombreuses années une préparation instantanée pour lait d’amande sous forme de poudre concentrée. Idem pour Upright et sa version poudre du lait d’avoine. En France, Bonneterre a lancé cet été une version concentrée de 50cl de son lait d’avoine à laquelle il suffit de rajouter 50cl d'eau pour reconstituer un litre de boisson. Mais il y a plus original : Joi et Ulu Hye proposent tous deux une version pâte à diluer tandis que GoodMylk mise sur une version concentrée surgelée.
Des offres kids friendly. Depuis plusieurs années, on voit éclore des versions végétales des laits 1er et 2ème âge, notamment en raison des intolérances et allergies aux protéines animales. En revanche, il n’existe pas réellement d’offre de lait végétal de croissance pour jeunes enfants… jusqu'à l'arrivée du bien-nommé Kiki. Bio, sans colorants ni conservateurs, ce lait à base d’avoine est riche en protéines et acides gras grâce à l’ajout de super aliments comme les graines de courge germées et l'amla. Par ailleurs, son packaging personnifié par un dragon aux ailes arc-en-ciel s’adapte parfaitement à sa cible. Autre marque sur ce segment, Ripple Kids additionne ses laits végétaux de fibres prébiotiques mais aussi d’oméga-3 de type DHA et de choline pour aider au développement du cerveau.
Déclinaisons fonctionnelles. Surfant sur les tendances du moment, le lait végétal mise lui aussi sur des déclinaisons toujours plus orientées vers l’argument santé. Picnik propose ainsi des laits et crèmes pour café d’origine végétale, enrichis en adaptogènes et en collagène. Autre exemple avec Phasey qui se spécialise dans la food fonctionnelle afin de répondre aux problématiques hormonales : la marque commercialise un “Moodmilk” à base de poudre de graines de chanvre à mélanger avec son lait végétal. Objectif ? Combattre les sautes d'humeur, le stress, les crampes induites par les menstruation et l'inflammation de manière générale.
🍝 La fin des colorants synthétiques ?
Après la traque au sucre, la traque aux colorants artificiels ? Si, a priori, ils ne sont pas foncièrement indispensables d’un point de vue produit, ils sont en revanche primordiaux dans l’expérience sensorielle : selon une étude d'Emerald Insights, 90% des consommateurs prendraient ainsi leur décision d’achat après avoir vu la couleur d’un produit. Un rapport a même montré que l'ajout de colorant alimentaire de couleur rouge pouvait booster la perception du sucre présent dans une boisson de +11%. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que ces colorants, qu'ils soient naturels ou artificiels, représentent un marché énorme.
Et pourtant, les colorants artificiels seraient soupçonnés d'être à l'origine de problèmes respiratoires et d'allergies voire d’hyperactivité chez certains enfants. Pire encore : ils seraient responsables du déclenchement de processus cancérogènes. Bien sûr, il existe des alternatives naturelles avec de nombreux acteurs sur le créneau tels que le polonais Aroma Colors, le suisse Firmenich, le danois Oterra, l’américain IFC Solutions ou encore le péruvien Imbarex mais leur production reste très coûteuse pour des productions à l’échelle.
Les choses pourraient cependant changer grâce à une nouvelle génération de start-ups. Il y a tout d’abord celles qui vont sourcer naturellement la couleur en misant par exemple sur des champignons ou des algues. C’est en tout cas le positionnement de Spira avec son pigment “Electric Sky” riche en antioxydants. Mais la grande révolution réside dans les entreprises qui exploitent les outils de la biotechnologie moderne. Les bénéfices ? Répondre aux exigences des consommateurs en matière d'alimentation saine et éco-friendly ainsi qu'aux normes industrielles en matière de qualité et de rentabilité. Parmi les marques sur le créneau, citons l’israelien Phylon ou encore le danois Chromologics qui développe des solutions de fermentation fongique pour la production de pigments naturels. Décidément, la food n’a pas fini de nous en faire voir de toutes les couleurs.
Signaux Faibles.
🌱 L’agriculture régénérative en haut de l’affiche.
Pendant de nombreuses années, l’agriculture intensive a fait appel à des techniques et produits (herbicides, pesticides, etc) qui ont eu des conséquences désastreuses tant sur nos sols et nos cultures que sur notre santé. L'ONU estime ainsi que les trois-quarts des terres de la planète auraient été largement dégradées par les activités humaines depuis le début de l'ère industrielle. Aussi, l’agriculture raisonnée - qui prend en compte le bien-être animal, l’environnement et la santé du consommateur - tend à se démocratiser et en particulier l’agriculture dite régénérative qui a même fait l’objet d’un documentaire Kiss The Ground sur Netflix.
Les objectifs poursuivis ? Augmenter la biodiversité, capturer le carbone atmosphérique par le sol, optimiser le cycle de l’eau ou encore optimiser les services écosystémiques. Pour y parvenir, de nombreuses start-ups se lancent sur chacune de ces verticales tandis que d'autres, comme Agreena, se concentrent sur l’accompagnement des agriculteurs pour réussir leur transition.
Conséquence logique : de plus en plus de produits issus de cette régénération voient le jour et comptent bien afficher cet argument noir sur blanc. Au-delà des labels qui se développent comme le ROC, certains en font des positionnements différenciants à l’image des oeufs Helpful Hens, des “restorative eggs” de Vital Farms ou des “climat-friendly” crackers de Moonshot. Mais le phénomène peut aller encore plus loin que le simple branding. Ainsi, les Varietal Crop Crackers, bientôt disponibles, sont des crackers dont les saveurs sont conçues à partir d'un assortiment de blé, de légumineuses et de graines, tous plantés dans le cadre d'une rotation des cultures, une technique ancestrale qui favorise un sol sain et productif. Les différentes gammes de produits seront commercialisées sous trois variantes différentes qui représentent la culture de l’année. Dans une veine similaire, la crème glacée Banana B-Sides développée par le laboratoire et firme de consulting Future Market est composée de 31 sortes de bananes avec pour objectif de mettre en avant la biodiversité de celles-ci et des communautés qui les cultivent : en effet, alors qu’il existe plus de 1.000 variétés à travers le monde, la Cavendish s’est imposée comme un standard, rendant le marché dépendant à cette variété et encourageant l’agriculture intensive. Bref, pas question de mettre toutes ses bananes dans un seul panier !
🌸 Vanille next-gen : prenez-en de la graine !
Reine des desserts mais pas que, la vanille fait partie des épices les plus consommées au monde. À en croire la science, nous serions même programmés pour l’aimer : en effet, la vanilline posséderait une structure très semblable à l’un des composants du lait maternel. C’est donc sans surprise que le marché - évalué à 2 715,93 millions de dollars en 2020 par Mordor Intelligence - devrait continuer à se développer avec un TCAC de 5,64% entre 2021 et 2026.
Mais il y a un hic : l’offre peinant à suivre la demande, les prix explosent, la fraude se multiplie et propulse la vanille sur le podium des épices les plus chères au monde, juste après le safran. Les causes sont multifactorielles, à commencer par les conditions de culture particulièrement complexes et chronophages. En effet, les plantes ne commencent à produire des gousses qu'après trois ans : lorsqu'elles fleurissent enfin, les fleurs ne restent ouvertes qu'un jour et doivent être soigneusement pollinisées à la main entre 8 et 12 heures suivant leur éclosion au risque de voir la fleur se faner et stopper net le développement de la gousse. S’ensuit un process de maturation d’environ sept mois, puis la cueillette et le séchage qui prend en moyenne six mois. L’autre facteur de rareté est lié aux aléas climatiques : Madagascar, qui concentre plus de 80% de la production mondiale, a été touchée par un cyclone en 2017 puis une tempête tropicale en 2020, ce qui a fortement impacté ses récoltes et fait s’envoler les prix en 2018 jusqu'à $600 le kilo… soit plus cher qu’un kilo d’argent. Cette année encore, la production malgache de vanille s’annonce en baisse de -35%.
Aussi, les chercheurs s’activent afin de mieux comprendre cette plante, optimiser sa culture et trouver des alternatives. Il faut dire que la vanille est une épice étonnante dans la mesure où il s’agit de la seule orchidée cultivée pour son usage alimentaire et la quasi-totalité de la vanille commercialisée dans le monde est le fruit d’une seule espèce, la Vanilla planifolia. Un consortium du CNRS a d’ailleurs récemment réussi à séquencer 83% de son génome en vue d’ouvrir la porte à la création plus ciblée et plus rapide de nouvelles variétés. En parallèle, plusieurs start-ups explorent de nouveaux moyens de produire de la vanille de manière plus durable, plus fiable et plus rentable.
Des serres tropicales et une culture hi-tech pour des saveurs inédites ? Fondée en 2020, la start-up israélienne Vanilla Vida s’est donnée pour mission de rendre les arômes naturels plus accessibles tout en libérant les industriels de leur dépendance à l'égard des arômes de synthèse. Ainsi, la société se revendique comme étant la première à développer une solution commerciale pour l'ensemble de la chaîne de valeur de la vanille, de la culture jusqu'au produit final. Pour ce faire, elle a mis au point un protocole de culture en serre : le contrôle de l’atmosphère et la mécanisation de la production permettent de s’affranchir des aléas climatiques, d'accélérer le processus de séchage et d’augmenter les rendements. Les chiffres avancés par la firme ? Cinq fois plus de vanille par pied carré, +80% d’arôme ou encore une durée du cycle de croissance et du processus de durcissement respectivement réduite de -20 et -85%. Cette innovation devrait également permettre d’élargir les pays producteurs de vanille et ce, à court terme : dans un entretien avec Techcrunch, l'entreprise - qui a déjà levé $15 millions - affirme être en mesure d'apporter des changements visibles dans la chaîne d'approvisionnement à partir de 2024 ou 2025.
Mais la vanille naturelle n’est pas la seule à faire sa révolution. Il faut savoir que la vanilline synthétique - qui représente la majorité de la vanilline consommée dans le monde - est fabriquée principalement à partir de produits pétrochimiques. Aussi, plusieurs pistes sont à l'étude pour proposer des modes de production plus durables. Parmi les exemples, citons la start-up norvégienne Borregaard qui fabrique de la vanilline à partir de pâte de bois ou la société israélienne Pigmentum et son projet à base de laitue. L’autre piste prometteuse est celle de la fermentation, à l’image des travaux de EV Biotech ou encore de Spero Renewables qui aurait trouvé un moyen de créer de la vanilline en fermentant l'acide férulique présent dans les fibres de maïs.
Brèves de comptoir.
Chefclub était invité à la « Grille de Rentrée 2022 » de Snapchat, où, suite à l’intervention de Grégory Gazagne (DG de Snapchat France), le cofondateur et PDG de Chefclub, Thomas Lang, a eu l’occasion de présenter le catalogue de programmes que le studio de production développe et l’éventail d’opportunités de partenariats.
Chefclub Adventures, la nouvelle série animée de Chefclub, a été choisie parmi les cinq finalistes sélectionnés par le jury KIDS du MIPJunior Pitch Competition, 2022, lors du Mipcom à Cannes.
Chefclub s’est allié à Too Good To Go pour créer une recette à quatre mains, en utilisant l’un des paniers surprise de Too Good To Go. La vidéo a été visionnée plus d’un million de fois sur les réseaux sociaux.
Chefclub s’est également associé à McCain afin de dévoiler tous les secrets de ses emblématiques frites. En plus des 8 vidéos-recettes dans lesquelles sont cuisinées les fameuses frites McCain, Chefclub a réalisé une vidéo exclusive diffusée dans son émission « Découvertes » sur Snapchat, mettant en avant le principe « du champ à l’assiette ». La vidéo présente les coulisses de la production des frites, avec le témoignage d’un agriculteur français expliquant son travail quotidien autour de la pomme de terre, et celui d’un responsable de site de production. En tout, le partenariat devrait générer 20 millions de vues totales et 2 millions d’engagements en France.
Les curiosités du mois. Place au popcorn “skinless” de Papas Pops qui met fin au pain point des pellicules qui se coincent entre les dents ! On a également repéré les Instabowls de Kellog's, des bols de céréales en portions individuelles qui contiennent du lait en poudre qui peut être activé par l'ajout d'eau froide. Mention aussi pour les donuts vegan de GreenHouse Foods qui se marieront à la perfection avec une karma water et son “pushed cap technology” qui permet de libérer les vitamines dans l’eau au dernier moment pour ne pas perdre en efficacité. Du côté de Just Nosh, on mise sur l’argument beauté et minceur avec des barres riches en collagène et en protéines végétales. Autre alternative : les barres au yaourt de Clio Snacks ou, plus étonnant, les barres d’omelette de Scramblers. Et pour les plus gourmands, place à la myco révolution grâce au chocolat fungi de Vehicle Chocolates, la déclinaison gummies de OMFG (ndlr : qui se lit “Oh my fungy Gummies”) ou encore les marshmallows enrichis en collagène de Max Sweets. Et pour finir sur une petite note d’arabica, place à la boule de café CoffeeB conçue sans plastique ni aluminium. La machine à capsules Nespresso bientôt en péril ?
Mexico, Mexiiiiico ! En août 2022, “Mexican food” a été recherché 2,7 millions de fois sur Google à travers le monde. Pour bien comprendre l’étendue de cet engouement, dites-vous qu’un an auparavant la recherché avait été tapée 1,2 million de fois. Tacos, burritos, tortas … toutes les requêtes sont en forte hausse. Et cela ne se limite pas à la nourriture : après la mode de la tequila et du mezcal, une autre boisson alcoolisée gagne en popularité, le pulque. Sur Google, ce dernier a été recherché 110K en juillet 2022 soit une hausse de +122% en quatre ans. Baptisé “la boisson des Dieux” en référence à l’époque aztèque ou il était réservé à des usages invocatoires, ce breuvage est obtenu par la fermentation de suc d’agave - il titre généralement entre 2 et 8% d'alcool - et ressemble à un mix entre le cidre et le kombucha. Plébiscité par les hipsters mexicains, le hashtag #pulque a généré 89,1M de vues sur TikTok.
Apprendre en mangeant. PassaTempo, un biscuit brésilien développé par Nestlé, a décidé de troquer les dessins d’animaux ornant ses produits contre des symboles issus de la langue des signes. Ainsi, chaque biscuit affiche une lettre et le contour d'une main signant cette lettre. Les enfants peuvent aligner les biscuits pour épeler des mots ou des noms et apprendre à les signer. Chaque paquet de biscuits ne comprend pas toutes les lettres : c'est pourquoi un site web d'accompagnement - destiné aux parents et aux éducateurs - propose des instructions de signature supplémentaires et la possibilité de télécharger un png permettant d’épeler le nom d'une personne. Bref, du content marketing de haut vol.
Prêts au “plogging” ? Cet été, en Corée du Sud, l'agence de marketing Cheil Worldwide a lancé une campagne intitulée "Seanack", qui transforme les déchets côtiers en monnaie d'échange pour acheter des snacks dans un foodtruck customisé. L'objectif ? Sensibiliser au problème des déchets océaniques et encourager le plogging, une activité qui combine le jogging et le ramassage des déchets.
La food à l’heure du commerce conversationnel. L’annonce a fait grand bruit cet été : en Inde - champion mondial du nombre d’utilisateurs de WhatsApp - il est désormais possible de faire ses courses alimentaires chez JioMart directement depuis l’application de messagerie. Fortement inspirée par l’application chinoise WeChat, cette forme de commerce baptisée Commerce Conversationnel (C-commerce) devrait rapidement se démocratiser puisque selon les projections de Future Market Insight, son taux de croissance annuel composé est estimé à +15,6% entre 2022 et 2032. Son avantage ? Elle compense le manque de personnalisation dans l'expérience d'achat et peut s'avérer stratégique dans certaines étapes-clés du processus, notamment pour récupérer les paniers abandonnés, aider les consommateurs à trouver les bons produits ou encore développer l’audience et générer des leads. Et les exemples se multiplient : la marque allemande de box repas vegan Every a ainsi profité du mois de janvier - connu comme le mois du véganisme - pour créer un dispositif baptisé “veganuary”. Celui-ci lui a permis à la fois de fidéliser et d’acquérir de nouveaux clients grâce à des contenus éducatifs, des lancements de produits ou encore des opérations événementielles VIP comme des cours de yoga communs.